Il y avait eu du bruit jusque Londres, lorsque William, le plus jeune fils Chesworth, avait quitté la demeure familiale du Gloucestershire. La famille Chesworth était l'une de celle où naître était une bénédiction: on héritait de la beauté, de bons gènes et d'une bonne fortune. Les bonnes familles de l'Angleterre entière voulaient assurer une union entre l'une de leurs filles et les Chesworth, et voilà que le dernier prétendant s'en allait à Dublin pour y prendre femme. Là-bas, il emporta sa part de la fortune, abandonnant derrière lui les jeunes filles éplorées de son Gloucestershire natal; car si tous les membres de la famille ne brillaient pas par leur intelligence ou leur générosité, William était de ceux qu'il aurait fait bon épouser.
C'est en sa demeure de Dublin que, trois années plus tard en 1779, naquirent les enfants que William avait eu de la noble irlandaise qu'il avait mariée. C'était une fraîche matinée de juillet, balayée par le vent malgré un ravissant soleil. La descendance de William Chesworth était composée de deux enfants, des jumeaux: un garçon né le premier, et une fille quelques minutes seulement plus tard. Ils furent nommés William, second du nom, et Christabel. Comme tous les Chesworth, on pouvait dès leur naissance prédire leur beauté: leurs traits délicats, aux pommettes saillantes et leurs lèvres fines témoignaient de leur génétique avantageuse. Dans leurs yeux clairs brillait le même éclat, présage de leur complicité future.
C'est dans les plaines irlandaises, à l'ombre des légendes de fées, sorcières et autres lutins, que les jumeaux grandirent inséparables. Chris et Will partageaient une complicité sans limite, se comprenant d'un simple coup d'oeil, ressentant toujours comme les leurs les sentiments de leur autre moitié. Ils ne faisaient, tout simplement, qu'un. Une unité qui ne ferait que se renforcer au cours du temps.
Les jumeaux Chesworth étaient des enfants brillants, dans tous les sens du terme. Ils parlaient avec un mélange de l'accent anglais, très aristocratique de leur père, et de celui irlandais de leur mère. De cette derenière, ils avaient hérité de l'intelligence, et des Chesworth, la beauté. On savait déjà quels bons partis William comme Christabel seraient, et des engagements furent pris dès leurs jeunes années. Dès qu'ils seraient en âge de se marier, Christabel épouserait un noble irlandais, fils du cousin de sa mère, et William, quant à lui, s'établirait à la demeure familiale du Gloucestershire et épouserait la plus jeune fille de la maisonnée voisine. En attendant que vienne ce jour, ils devaient être éduqués comme les enfants de bonne famille qu'ils étaient.
A William, on voulut apprendre l'art de l'équitation et de la chasse, à Christabel, la danse et le piano. On dut leur enseigner à tous les deux, car ils refusaient de se séparer. Très vite, Christabel s'avéra meilleure chasseuse que son frère et lui, danseur plus passionné. Mais là où leurs compétences s'égalaient autant que le plaisir qu'ils y trouvaient, c'était dans l'art de la littérature. Au contact de Shakespeare, de Marlowe, leur sensibilité s'éveillait et les embrasait de la passion des mots, les laissant épuises et les larmes plein les yeux après des heures à réciter Hamlet comme s'ils l'avaient vécu. Souvent, Christabel pensait combien son frère aurait excellé dans le rôle du prince danois.
Lorsqu'ils furent adolescents, William et Christabel furent renvoyés à la demeure du Gloucestershire pour y parfaire leur éducation et rencontrer les grands de la noblesse anglaise, auprès de leurs tantes. Avec eux, partit Edmond, celui que Christabel devait par la suite épouser. Presque tous les jours, Adelle, la jeune fille à qui William avait été lié, se joignait à eux pour apprendre les bonnes manières, les formules de circonstance, les pas de danse les plus en vogue ou les plus courants. Adelle et Edmond partageaient la même gaucherie, le même faciès chevalin et disgracieux, le même manque de culture, de charisme et de conversation. Face à eux, les jumeaux Chesworth semblaient d'une autre espèce, leurs bonne tenue innée et leur bonne santé contrastant terriblement avec la maladresse et les teints maladifs de leurs fiancés respectifs.
Un jour, toute la maisonnée se retrouva en effervescence: Adelle était allée faire une simple promenade dans le parc de la maison Chesworth, et avait mystérieusement disparu. Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'on finit par découvrir son corps, flottant au milieu de l'étang. Au dîner, personne ne mangea avec appétit, car l'image de son visage bleu et boursouflé de noyée hantait tous les esprits. On alla se coucher tôt, mais personne ne dormit.
Au milieu de la nuit, Christabel se glissa en silence dans le lit de son frère, se lova contre lui comme lorsqu'ils étaient enfants et que lui seul savait calmer les terreurs nocturnes dont elle était victime.
- C'est toi, n'est-ce pas? s'enquit William.
C'est toi qui l'a poussée dans cet étang.Christabel n'avait pas besoin de répondre, la question était rhétorique. Elle hocha tout de même la tête, sans prononcer un mot. Elle sentait son coeur battre beaucoup trop vite, sous l'effet de la peur. Pour la première fois, elle entrevoyait la possibilité que son frère la désapprouvât, et qu'il la détestât pour son acte. Qu'elle ne soit pas, comme elle l'avait toujours supposé, la seule femme dont il ait besoin, tout comme jamais un autre homme n'aurait de place dans sa vie.
Il n'en était rien.
- C'était malin, de faire passer cela pour un accident. J'ai fait de même. Je planifie ce jour depuis des mois, dans le secret le plus total, et voilà que tu assassines ma fiancée le jour même où je tue le tien.Un léger sourire naquit sur les lèvres de Christabel. Elle devinait toute l'affaire.
- Comment?
- Du poison. Dans son vin, ce midi. Un poison lent, qui n'agira que cette nuit. Il sera retrouvé mort dans son sommeil, demain matin.Un silence passa.
- Ton plan était intelligent.
- Pas autant que le tien. Je n'avais pas de plan, j'ai simplement vu l'opportunité. C'était trop tentant, d'arracher à la vie celle qui t'aurait arraché à la mienne.
- C'est pour la même raison que j'ai fait ce que j'ai fait. Tu es ma soeur et je ne laisserai personne nous séparer. Jamais.
- Moi non plus, Will. Je te le promets.Christabel leva les yeux vers son frère, et il déposa un baiser sur son front. Ils se sourirent et s'endormirent ainsi, songeant combien l'amour fraternel qui les unissait était sans limite, combien leur relation fusionnelle était exclusive, combien la seule présence de l'autre suffisait à les combler de bonheur. Le sentiment de plénitude qui les emplissait dès lors qu'ils étaient ensemble leur était suffisant pour survivre, leur intimait d'éradiquer toute menace à leur équilibre, et la situation leur convenait. Parfaitement.
Au matin, ils furent réveillés par des cris: on venait de découvrir Edmond, mort dans son lit, la bave aux lèvres. Une mort qui aurait pu paraître suspecte... s'il n'avait pas souffert, par le passé, de violentes crises d'épilepsie. La disparition si rapprochée des deux fiancés des jumeaux, évidemment, fit jaser. Des rumeurs commencèrent à se répandre. Pour y couper court, William et Christabel jouèrent leur rôle à la perfection: ils étaient éplorés, mangeaient peu. Christabel pleurait souvent, William la consolait d'un air triste. Aux enterrements, ils firent des discours émouvants épiloguant sur combien ils appréciaient les défunts, et comme il serait difficile de trouver meilleur époux que ceux qu'ils auraient fait. Leur chagrin feint trompa tout le monde, et les rumeurs cessèrent.
Près de deux ans plus tard, alors que les jumeaux allaient sur leurs 18 ans, on trouva à William une nouvelle fiancée, et on organisa un séjour dans le Somerset, où elle résidait, afin que les deux familles apprennent à se connaître. Tout d'abord, les jumeaux avaient prévu de la faire périr à son tour. Mais Géraldine (car c'était son nom) était différente de leurs anciens fiancés: elle était belle, charmante même, moins ennuyeuse et moins farouche. Ils décidèrent de s'amuser avec elle. De nuit en nuit, elle visita les lits de William comme de Christabel, et si elle n'était à leurs yeux qu'un jouet, Géraldine en revanche s'éprit des deux jumeaux à la fois. Ils n'ignoraient pas l'affection qu'elle leur portait à chacun, mais n'en avaient, somme toute, pas grand chose à faire. Ils étaient simplement amusés de s'être découvert un nouveau point commun: l'amour des femmes.
Ils rencontrèrent, là-bas, le jeune William Wordsworth et son ami Samuel Coleridge. Partageant la passion de la littérature, les jumeaux se lièrent d'amitié avec eux, et ce fut même Christabel qui inspira à Coleridge, son célèbre poème éponyme.
Au terme d'une sévère dispute entre William et Géraldine, les fiançailles furent rompues, et les jumeaux, plutôt que de regagner le Gloucestershire, rentrèrent à Dublin.
Les années passaient, et les jumeaux refusaient catégoriquement de prendre époux. On leur pardonnait, car on pensait au traumatisme qu'ils avaient vécu lorsque leurs fiancés étaient morts, des années plus tôt. En vérité, ils tenaient trop à leur liberté, aux filles de joie qu'ils se partageaient, à la saveur de chaque seconde passée près de l'autre. Un mariage aurait immanquablement mis fin à cette constante félicité, aux nuits passées enlacés, peau contre peau, dans toute la tendresse et la chasteté d'un amour fraternel plus fort que la force de l'univers même.
Le temps passait toujours, bien trop rapide. William et Christabel allaient déjà sur leurs 33 ans, l'âge auquel le Christ mourut, et avaient à eux deux éconduit autant de prétendants. Jusqu'au jour où surgit un visage du passé, qu'ils pensaient à jamais oublié.
Géraldine. Elle n'avait pas changé, son beau visage poupin était resté le même, éternellement jeune. Avec froideur, mais attachés aux bonnes manières, les Chesworth (qui étaient à la tête de la maisonnée depuis le décès de leur père quelques années plus tôt) lui firent bon accueil. Ils turent leur suspicion, bien qu'ils sentent chez l'autre la même appréhension. Une appréhension qui trouva bien vite sa justification.
De nouveau, Christabel fut sujette à des terreurs nocturnes. Dans ses cauchemars chaque nuit, une forme sombre, aux contours indéfinis, s'allongeait sur elle, l'étouffait, lui volait sa vie. Elle se réveillait en hurlant lorsqu'elle sentait, chaque fois, une forte piqûre à la base de la gorge. A mesure que le temps passait, elle devenait de plus en plus faible, jusqu'à même ne plus pouvoir se lever. William restait à son chevet, priant tous dieux disposés à l'entendre de ne pas lui enlever sa raison de vivre. Mais la peau de Christabel prenait déjà une pâleur cadavérique, sa voix se mourait dans sa gorge desséchée, sa poitrine ne se soulevait plus qu'imperceptiblement. Personne n'y comprenait rien. Tout ce qu'il y avait à comprendre, c'était qu'elle mourait, à petit feu.
Un jour, elle se réveilla après un énième cauchemar, et William n'était pas à son côté. Seule Géraldine se trouvait là. Elle s'excusa de l'avoir réveillée, et lui tendit une coupe pleine d'un liquide rougeâtre. Elle le lui présenta comme un remède, lui intima de tout boire. La cadavérique jeune femme entendait à peine ses mots, elle se tordait de douleur. Deux journées entières, confuses, oscillant entre évanouissements, visions de l'Enfer et insupportable souffrance. Christabel but tout. Elle n'avait plus la moindre volonté, elle n'était plus que douleur et priait pour que tout s'arrête. Peu importait que ce nouveau remède la sauve ou la tue, pourvu que la douleur cesse. Immédiatement, elle reconnut le goût du sang. Puis elle mourut.
Et son esprit revint à la vie. Seulement voilà, son corps, lui, était resté mort.
- Sorcière! Que m'as-tu donné? Où est William?Géraldine resta de marbre, sans répondre à ses questions.
- Qu'as-tu fait de moi? Qu'as-tu fait de mon frère, sale pute?C'est ainsi que Christabel apprit l'existence du monde dont elle faisait désormais partie: celui des vampires.
Pendant qu'une Christabel horrifiée écoutait Géraldine lui conter qui elle était, comment elle survivait, comment elle l'avait transformée, William à son tour souffrait le martyre. Voilà qu'il était lui aussi cloué à son lit, souffrant du même mal qui lui prenait sa jumelle. Aussitôt que ses cris de douleurs, comme ceux d'un animal sauvage à l'agonie, retentirent contre les murs, Christabel se précipita à son chevet. A son tour de caresser un front brûlant de fièvre, de serrer dans sa main celle de son autre, de murmurer des paroles apaisantes, comme il l'avait fait mille et une fois pour elle.
Observant le tableau, Géraldine méditait. Non, vraiment, elle ne voyait pas de faille à son projet de vengeance. Ils avaient brisé son coeur, elle briserait le leur. Une fois leur transformation achevées, pensait-elle, ils seraient à sa merci. Tous les deux. Alors, elle leur ordonnerait de se combattre l'un l'autre jusqu'à la mort, et elle prendrait autant de plaisir à voir dans les yeux de l'un, la douleur d'être tué par l'autre, et dans les yeux de l'autre, la perspective d'une éternité sans l'un. Comme à Christabel, elle donna à William quelques gouttes de sang humain, pour achever sa transformation. Son terrible outil de vengeance était en marche. Puis, Géraldine avala la fin du liquide dans la coupe: le sang d'une des domestiques.
Comme des animaux, elle décida de conditionner les jumeaux. Suspendus par le cou à l'aide d'un collier en métal solide, dans le noir, séparés l'un de l'autre, des semaines durant, elle les tortura. La demeure, devenue le repère de la mort, vibra au son des hurlements de douleur. Et au bout de plusieurs semaines, enfin, Géraldine confronta les deux vampires qu'elle avait créés. Persuadée qu'elle était de les avoir détruits, physiquement comme psychologiquement. La soif de sang les affaiblissait autant que les semaines de torture. Si les blessures se refermaient vite, le souvenir de la douleur restait, surpassant même celle ressentie à la transformation. Elle les avaient rendus robots dénués d'âme, dénués de sentiment, dénués de toute autre sensation, agissant machinalement aux ordres de Géraldine.
Lorsque William et Christabel, ou ce qu'il en restait, se retrouvèrent face à face, leur créatrice savourait déjà sa vengeance. Mais elle ne savait pas, pour n'avoir jamais rien ressenti de tel, la force de l'amour qui les unissait l'un à l'autre.
Même les choses mortes ressentent un tel amour.
Ce fut la dernière phrase que Géraldine entendit, susurrée par la voix désincarnée de Christabel, alors que son frère perçait de son poing ses entrailles, pour en retirer son coeur qui depuis longtemps ne battait plus.
Et elle mourut.
Il fallut plusieurs semaines aux jumeaux pour s'accommoder à leur nouvelle condition. Soudain qu'ils étaient à nouveau réunis, la perspective de l'éternité était plus attrayante. Vivre à jamais, jeunes, beaux, puissants, ensemble. Ôter des vies humaines pour survivre ne leur posait pas plus de problème que de leur vivant, et très vite, ils se pensèrent bien supérieurs aux humains. Cette horde d'ignorants conduirait le monde à sa perte.
Pourtant, ils trouvèrent des humains à leur hauteur: poètes, écrivains, musiciens. Des humains pour qui l'art important, plutôt que les ragots. Des humains avec qui ils se lièrent d'amitié. Et les jumeaux inspirèrent les héros les plus célèbres. Alors que William devenait Lord Ruthven et Dorian Gray, Christabel renaissait sous les noms de Carmilla Von Karnstein et Catherine Earnshaw. C'était la période que Christabel considérerait toujours comme la meilleure de sa vie: jouer aux échecs avec Lord Byron, déguster l'absinthe avec Baudelaire, goûter au sang des Mary Wollstonecraft, mère et fille.
Après de longues années à Londres, les routes des jumeaux se séparèrent. Alors que Christabel s'était établie à Paris, William avait préféré le voyage, la découverte du monde, de la richesse de la culture. Leur lien était si fort que les kilomètres n'auraient su les déranger, et que leur solitude ne l'était jamais vraiment. Souvent, Christabel recevait de son frère des cadeaux venus du monde entier. Livres, bijoux, instruments de musique, objets précieux... Une collection de souvenirs qui n'étaient pas les siens, mais qu'elle s'appropriait par leur biais.
Toutefois, il fallait faire attention à ne pas éveiller l'attention des fanatiques chasseurs de vampires. Si ce n'était pas un problème pour William qui voyageait tout le temps, c'était plus compliqué pour Christabel. Il ne fallait pas s'attirer le moindre ennui. Aussi, lorsqu'elle se sentit menacée, épiée, suivie, elle partit pour une autre ville. Londres à nouveau, Rome, Détroit, La Nouvelle Orléans. Mais ce qu'elle aimait par dessus tout, c'était lorsque William venait la visiter. Cela n'arrivait pas souvent, mais chaque fois, elle était comblée de bonheur. Chaque fois qu'elle revoyait son visage, ou sentait de nouveau ses muscles fins sous la caresse de ses doigts, elle se rappelait que rien d'autre ne comptait vraiment. Rien d'autre que ce sourire aimant et ces bras protecteurs. Souvent, elle songeait combien de femmes auraient voulu être à sa place, et se sentait si spéciale, si chanceuse. Puis elle se rappelait que ces femmes-là n'auraient su se contenter du lien fraternel, auraient un jour ou l'autre, réclamé un lien charnel. Christabel était bien au dessus de cela. Elle avait pour frère l'homme le mieux fait et le plus cultivé de la création, elle partageait avec lui la plus tendre des relations, comment pourrait-on songer à souiller ce trésor par le péché de chair?
Alors que les décennies passaient, William devint peu à peu un magnat du crime. Les mafieux les plus craints se pissaient dessus à son évocation. Sous ses ordres, un réseau de voleurs, de braqueurs, de tueurs à gages. Des génies de l'informatique, des athlètes machines de mort. La moitié du monde était à sa merci. Ce n'est pourtant qu'en 2005 que Christabel et lui vécurent à nouveau ensemble, dans leur ancienne demeure de Dublin, passée d'acheteur, en rénovateur, en décorateur, en acheteur encore dans un interminable cercle vicieux. Interminable, jusqu'à ce que ses véritables propriétaires, ceux qui connaissaient l'âme du lieu, la retrouvent. C'est seulement alors qu'ils rejoignirent les Servantès, un groupe de vampires dont la cruauté et la haine des humains étaient à la hauteur de la leur. Christabel s'associa alors à son jumeau, et tous deux, ils règnent depuis en maîtres incontestés sur l'industrie irlandaise... et européenne du crime.